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La vie de Louisa Paulin

Par Catherine Graissaguel

 

Louisa Paulin naît à Réalmont le 2 décembre 1888 dans une famille terrienne.

C'est une fillette vive et songeuse aux brusques élans, douce et impulsive, jouant dans l'ombre sous les couverts et dans les venelles du vieux Réalmont. C'est une bonne élève qui se destine très vite à l'enseignement. En octobre 1904, elle est à l'Ecole normale d'institutrice d'Albi. Cette jeune fille silencieuse, un peu secrète, se laisse conduire par ses professeurs.

Elle débute en 1907, comme institutrice dans de modestes écoles rurales du Tarn.

En 1908, un mariage enthousiaste est bientôt suivi de deux maternités éphémères et d'un divorce. Ces émotions se succédant en peu d'années ont eu sur la vie intérieure de Louisa Paulin des résonnances profondes et désormais tous les élans d'une tendresse comprimée sont reportés sur sa nièce et sur ses élèves.

Désignée comme professeur d'École primaire supérieure en 1913, une année adjointe à Albi et ensuite titularisée en Corrèze, nous la retrouvons installée à Tulle avec sa nièce à l'âge de trente ans. Elle restera 18 ans en Limousin, laissant à ses élèves un souvenir impérissable.

Bientôt son âme s'incorpore aux somptueux massifs de châtaigniers, aux sévères terres de bruyère, à la floraison des genêts. La Vie Limousine a publié, à partir de 1928 des contes et des essais régionalistes où Louisa Paulin essaye de fixer les différents aspects de son pays d'adoption. En 1930, elle décide de se rapprocher de son terroir natal et obtient sa nomination à l'École primaire supérieure d'Albi.

Sa santé se détériore. Des congés de plus en plus fréquents s'imposent et le 28 octobre 1932, Louisa Paulin est admise prématurément à la retraite. Elle n'a que 44 ans. Elle commence alors une ascension spirituelle dont la mort n'a pas fermé la boucle. A Réalmont, Louisa Paulin est heureuse de retrouver le cadre de son enfance.

Elle écrira “Je me suis mise à la langue d'Oc par repentir d'avoir si longtemps ignoré mon pays et peut être de l'avoir un peu méprisé” Elle s'inscrit à Toulouse en 1934 parmi les correspondants du Collège d'Occitanie. Elle entre ainsi en relation avec un de ses fondateurs l'abbé Salvat. Parallèlement, notre poétesse solitaire continue d'écrire en français. “Pourquoi apprendre la langue d'Oc ? dit-elle Parce qu'elle permet une nouvelle forme de culture”.

“Je sais l'occitan d'instinct l'ayant parlé exclusivement jusqu'à l'âge de 7 ans. La langue d'Oc est une langue superbe, d'une richesse et d'une souplesse plus étonnantes. C'est la langue même de la poésie” De 1934 à 1944, intense activité littéraire bilingue. L'abbé Salvat fait publier ses poémes dans “le gai Saber” et son appui lui fait décerner en 1937 et 1938 deux prix successifs par l'Académie des Jeux floraux.

Ces courts poèmes fixaient en deux langues des impressions plaintives. Il faut les écouter chanter à l'oreille, comme un soupir de nos paysages, les respirer comme un parfum printanier. L'occupation de son village par les troupes allemandes l'attriste. Elle écrit : “On me dit que les invités passent à grands camions sur notre grand route, la Route d'Espagne ! Quel beau nom pour une si effroyable aventure”.

Son oeil gauche est complétement perdu, et le 15 janvier 1942 il faut clore la paupière droite pour maintenir les rares sensations lumineuses. Impassible en apparence, ne pouvant plus écrire, elle dicte à des secrétaires bénévoles poèmes et correspondances.

Quelques mois avant sa mort, Louisa Paulin appréhendait d'être plus encore plongée dans la nuit. Mais elle eut la joie de conserver jusqu'à ses derniers jours, de fugitifs contacts visuels avec les chers visages qui l'entouraient. Sa puissance cérébrale par une sorte de compensation mystérieuse n'avait cessé de croître tandis que faiblissaient la pulsation de ses artères. Mais sur cette lente déchéance elle imposa le silence et ses amis n'ont eu connaissance de quelques phrases de cette lutte contre les ténèbres qu'au lendemain de son décès.

Ce stoïcisme et ce long martyre grandissent aujourd'hui dans la sérénité de la mort le souvenir de Louisa Paulin. Mais dans les derniers jours de sa vie, elle a connu l'apaisement de la prière, après avoir dominé ses hésitations. “Seigneur ! aujourd'hui seulement je peux dire : que votre volonté soit faite”.

Louisa Paulin accueillit encore ses amis, murmurant d'une voix affaiblie des propos de suprême sagesse, et dans ce recueillement elle attendit jusqu'au 23 avril de l'année 1944, le dernier appel de la mort. Elle était atteinte d'une maladie non identifiée à l'époque : la neuropathie amyloïde. ce mal ne se manifeste qu'après la trentaine et s'attaque au système nerveux. Il évolue en 15 ans vers une paralysie totale, la cécité et la mort.

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